Ascension
Jésus au ciel est monté
Pour vous envoyer sa grâce
Espérance et charité,
Foi qui jamais ne se lasse,
Patience et tous les dons
Que l'esprit porte en ses flammes,
Et les trésors de pardons,
De zèle au salut des âmes,
Du courage devant les
Tentations de ce monde.
Ah! surtout, oui, devant les
Tentations de ce monde,
Ces scandales étalés
Tour à tour beaux puis immondes,
Pauvres cœurs écartelés,
Tristes âmes vagabondes !
Jésus au ciel est monté,
Mais en nous laissant son ombre :
L'Évangile répété
Sans cesse aux peuples sans nombre.
Jésus au ciel est monté
Pour mieux veiller, Lui, fait homme
Sur notre fragilité
Qu'il éprouva... Mais nous, comme
Jésus au ciel est monté
Notre nuit n'y pourrait suivre
Avant la mort sa clarté :
Ah ! d'esprit allons y vivre !
Paul VERLAINE
S"égare au fond d'un bois,
Dans la feuille agitée
Reconnais-tu ma voix?
Et dans la fontaine argentée,
Crois-tu me voir quand tu te vois?
Qu'une rose s'effeuille,
En roulant sur tes pas,
Si ta pitié la cueille,
Dis ! ne me plains-tu pas ?
Et de ton sein qui la recueille,
Mon nom s'exhale-t-il tout bas ?
Qu'un léger bruit t'éveille,
T"annonce-t-il mes vœux ?
Et si la jeune abeille
Passe devant tes yeux,
N'entends-tu rien à ton oreille ?
N'entends-tu pas ce que je veux ?
La feuille frémissante,
L'eau qui parle en courant,
La rose languissante,
Qui te cherche en mourant ;
Prends -y garde, Ô MA VIE ABSENTE !
C'est moi qui t'appelle en pleurant.
Marceline Desbordes-Valmore
- Celui qui donna l'âme aux enfants du limon
Gérard de Nerval
-Ne fuis pas -
Vois comme nos destins sont différents. Je reste,
Tu t'en vas !
Pourtant nous nous aimons, nous vivons sans les hommes
Et loin d'eux !
Et nous nous ressemblons, et l'on dit que nous sommes
Fleurs tous deux
Mais, hélas ! l'air t'emporte et la terre m'enchaîne.
Sort cruel !
Je voudrais embaumer ton vol de mon haleine
Dans le ciel !
Mais non, tu vas trop loin - Parmi des fleurs sans nombre
Vous fuyez,
Et moi je reste seule à voir tourner mon ombre
A mes pieds !
Tu fuis, puis tu reviens, puis tu t'en vas encore
Luire ailleurs.
Aussi me trouves-tu toujours à chaque aurore
Toute en pleurs !
Oh ! pour que notre amour coule des jours fidèles
Ô mon roi,
Prends comme moi racine, ou donne- moi des ailes
Comme à toi
Victor HUGO
Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame,
Viens ! Ne te lasse pas de mêler à ton âme
La campagne, les bois, les ombrages charmants,
Le sentier qui finit où le chemin commence,
Et l'air et le printemps et l'horizon immense,
L'horizon que ce monde attache humble et joyeux
Comme une lèvre au bas de la robe des cieux!
Viens ! et que le regard des pudiques étoiles
Qui tombe sur la terre à travers tant de voiles,
Que l'arbre pénétré de parfums et de chants,
Que le souffle embrasé de midi dans les champs,
Et l'ombre et le soleil et l'onde et la verdure,
Et le rayonnement de toute la nature
Fassent épanouir, comme une double fleur,
La beauté sur ton front et l'amour dans ton cœur
Victor HUGO