mardi 17 décembre 2019

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J'ai dans mon coeur un oiseau bleu,
Une charmante créature,
Si mignonne que sa ceinture
N'a pas l'épaisseur d'un cheveu.

Il lui faut du sang pour pâture
Bien longtemps je me fis un jeu
De lui donner sa nourriture :
Les petits oiseaux mangent peu .

Mais, sans en rien laisser paraître,
Dans mon coeur il a fait, le traître,
Un trou large comme la main,

Et son bec, fin comme une lame,
En continuant son chemin,
M'est entré jusqu'au fond de l'âme .

Alphonse DAUDET


samedi 2 novembre 2019

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Une rose seule, c'est toutes les roses
et celle-ci : l'irremplaçable,
le parfait, le souple vocable
encadré par le texte des choses.

Comment jamais dire sans elle
ce que furent nos espérances,
et les tendres intermittences
dans la partance continuelle.

Rainer Maria RILKE

a rose of "32" 




dimanche 6 octobre 2019

jeudi 29 août 2019

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Lettres, champs de lettres au-dessus
de la terre, champs suspendus au
dessus de la terre, lettres suspendues balancées
par le vent. Le silence. La nuit.
Lettres, champs de lettres
que berce le vent, nues,
agitées par le vent.
Seigneur! Tu habites ton enfant
fragile ! Je t'habite.
Sujet dont je suis épars. Pauper Minister.

Charles RACINE 

jeudi 18 juillet 2019

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L'oiseau

Sous son dôme de verre, derrière ses yeux,
Ton Oiseau de Panique n'était pas empaillé.
Il paraissait en quête
De quelque chose. Tu ne savais pas quoi. Je le devinais
Dérouté par le verre, ce mur invisible.
Un gecko de zoo collé contre le néant,
Avec toute la vie battant dans sa gorge,
Comme s'il se tenait sur l'éther. Souviens-toi
Lorsque nous faisions le tour de Boston Common,
Nous étions obligés toujours de prendre le même chemin,
C'était plus fort que nous. Un système d'horlogerie
Venu du Tyrol, tournant sous le verre,
Avant de se mettre à tinter. Tu m'as tout raconté
Sauf le conte de fées. Pas à pas
Je suis descendu dans le sommeil
Dont tu essayais de te réveiller.

Ted HUGHES

(à Sylvia Plath)

dimanche 7 juillet 2019

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Toute fleur n'est que de la nuit
qui feint de s'être rapprochée

Mais là d'où son parfum s'élève
je ne puis espérer entrer
c'est pourquoi tant il me trouble
et me fait si longtemps veiller
devant cette porte fermée

Toute couleur, toute vie
naît d'où le regard s'arrête

Ce monde n'est que la crête
d'un invisible incendie

Philippe  JACCOTTET

lundi 1 juillet 2019

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Il faisait
Si chaud
Que les fleurs
Durent
Se Servir de
Leurs couleurs
Comme éventail

Malcom de Chazal 


samedi 22 juin 2019

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Le Cerveau - est plus grand que le Ciel -
Mettez-les côte à côte -
L'un contient l'autre
Sans problème - et Vous - en plus -
Le Cerveau est plus profond que la Mer -
Tenez les - Bleu pour Bleu -
L'un absorbe l'autre -
Comme l'Eponge - l'eau - d'un Seau - 
.../ Le cerveau pèse exactement le poids de Dieu -
Soupesez-les - Livre par Livre -
La différence - si elle existe -
Est celle de la Syllabe au Son 

Emily DICKINSON

Zao Wou-Ki
 

vendredi 31 mai 2019

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 « La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’Espérance. La Foi ça ne m’étonne pas. Ce n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans ma création. La Charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas. Ça n’est pas étonnant. Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un cœur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres. Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’Espérance. Et je n’en reviens pas. L’Espérance est une toute petite fille de rien du tout. Qui est venue au monde le jour de Noël de l’année dernière. C’est cette petite fille de rien du tout. Elle seule, portant les autres, qui traversa les mondes révolus. La Foi va de soi. La Charité va malheureusement de soi. Mais l’Espérance ne va pas de soi. L’Espérance ne va pas toute seule. Pour espérer, mon enfant, il faut être bienheureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce. La Foi voit ce qui est. La Charité aime ce qui est. L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera. Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé. Sur la route montante. Traînée, pendue aux bras des grandes sœurs, qui la tiennent par la main, la petite espérance s’avance. Et au milieu de ses deux grandes sœurs elle a l’air de se laisser traîner. Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher. Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle. Et en réalité, c’est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne, et qui fait marcher le monde. Et qui le traîne. Car on ne travaille jamais que pour les enfants. Et les deux grandes ne marchent que pour la petite ». 

Charles PEGUY

Le porche du Mystère de la deuxième vertu 


samedi 4 mai 2019

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La lune mince verse une couleur sacrée,
Toute une jupe d'un tissu d'argent léger,
Sur les bases de marbre où vient l'Ombre songer
Que suit d'un char de perle une gaze nacrée.

Pour les cygnes soyeux qui frôlent les roseaux
De carènes de plume à demi lumineuse,
Elle effeuille infinie une rose neigeuse
Dont les pétales font des cercles sur les eaux...

Est-ce vivre? O désert de volupté pâmée
Où meurt le battement faible de l'eau lamée,
Usant le seuil secret des échos de cristal...

La chair confuse des roses molles commence
A frémir, si d'un cri le diamant fatal
Fêle d'un fil de jour toute la fable immense.

Paul VALERY

Album de vers anciens
Sète

jeudi 2 mai 2019

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Seul qui éleva sa lyre
au milieu des ombres,
peut en pressentant
rendre l'hommage infini.

Seul qui avec les morts
a mangé du pavot, du leur,
n'égarera pas même
le son le plus léger.

Le mirage dans l'étang
a beau parfois se troubler;
connais l'image.

Dans l'empire double
les voix se font
tendres et éternelles.


RAINER MARIA RILKE

Sonnets à Orphée



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mercredi 1 mai 2019

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  Joris Karl Huysmans
A rebours
(illustration)



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Lys de la vallée
 

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L'oiseau bleu

Mon oiseau bleu a le ventre tout bleu
Sa tête est d'un vert mordoré
Il a une tache noire sous la gorge
Ses ailes sont bleues avec des touffes
de petites plumes jaune doré
Au bout de la queue il y a
 des traces de vermillon
Son dos est zébré de noir et de vert
Il a le bec noir les pattes incarnat
et deux petits yeux de jais

Il adore faire trempette,
se nourrir de bananes et pousse
un cri qui ressemble au sifflement
d'un tout petit jet de vapeur.

On le nomme le SEPTICOLORE

Blaise Cendrars
*

mercredi 24 avril 2019

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Les talents d'étoiles
 carte postale 
*
Marjan-Van-Zeil

 Jakob et Wilhelm GRIMM
Büchner - Woyzeck
 

lundi 22 avril 2019

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Ralph Vaughan 
L'alouette ascendante
The Lark Ascending pour violon et orchestre

 « Elle s’élève et se met à tourner, 
Déroule des sons la chaîne argentée
En nombreux anneaux sans les détacher :
Claquements, sifflets, liaisons et tremblés.

C’est pour distiller l’amour de la terre
Qu’elle chante au point de remplir les airs.
À chaque coup d’aile elle monte encor,
Et de la vallée fait sa coupe d’or ;
Elle en est le vin qui déborde au sol
Pour nous emporter avec son envol.

Quand elle se perd en notes légères,
La fantaisie chante en pleine lumière. »

G. Meredith
 

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J’aime l’âne si doux
 marchant le long des houx.
Il prend garde aux abeilles

 et bouge ses oreilles ;
et il porte les pauvres 

et des sacs remplis d’orge.
Il va, près des fossés,

 d’un petit pas cassé.
Mon amie le croit bête

 parce qu’il est poète.
Il réfléchit toujours.

 Ses yeux sont en velours.
Jeune fille au doux cœur, 

tu n’as pas sa douceur :
car il est devant Dieu

 l’âne doux du ciel bleu...

L'âne d' Or
 

dimanche 21 avril 2019

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"Aimer un être, c'est lui dire toi tu ne mourras pas"

Gabriel Marcel
Être et Avoir

"Je suis la fleur du champ, et le lys des vallées"
Cant, II, 1

Rose d' Or
 

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mercredi 17 avril 2019

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Metamorphosis

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Arnoul GREBAN

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Notre Dame est bien vieille : on la verra peut-être
Enterrer cependant Paris qu'elle a vu naître ;
Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher
Comme un loup fait un boeuf, cette carcasse lourde,
Tordra ses nerfs de fer, et puis d'une dent sourde
Rongera tristement ses vieux os de rocher !

Bien des hommes, de tous les pays de la terre
Viendront, pour contempler cette ruine austère,
Rêveurs, et relisant le livre de Victor :
- Alors ils croiront voir la vieille basilique,
Toute ainsi qu'elle était, puissante et magnifique,
Se lever devant eux, comme l'ombre d'un mort !

Gérard de Nerval

 

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K. T